Une recherche est en cours au Canada pour évaluer l’efficacité du cannabidiol (CBD) dans le traitement des inflammations et le soulagement des douleurs aigües chez les victimes d’un accident souffrant à la fois d’une fracture osseuse et d’un traumatisme crânien. L’un des principaux objectifs est de minimiser l’usage d’opioïdes, connus pour leurs effets néfastes.
Une étude pour évaluer l’efficacité d’un traitement par CBD sur la douleur aigüe
Le cannabis est principalement constitué de tétrahydrocannabinol (THC) et de CBD. D’après les scientifiques, ce dernier pourrait contribuer à atténuer les processus inflammatoires et les douleurs chroniques qui en résultent, voire de les éviter. De plus, contrairement au THC, considéré comme un stupéfiant, il n’aurait aucun effet euphorisant. D’ailleurs, acheter du CBD sous forme de fleurs, d’huiles contenant moins de 0,2 % de THC est autorisé dans certains pays, dont la France.
C’est à ce titre qu’il fait l’objet d’une recherche dans le traitement de la douleur chronique consécutive à une blessure traumatique, tellement intense et durable chez certains patients qu’elle diminue progressivement leurs chances de rétablissement.
Le projet est géré par une équipe dirigée par le professeur Louis de Beaumont, neuropsychologue et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, avec la collaboration de chercheurs des universités de Sherbrooke, Laval et McGill. Les Instituts de recherche en santé du Canada apportent un financement de 1,5 million de dollars sur cinq ans.
L’un des volets de l’étude porte sur les humains. Un essai clinique d’un mois est mené sur un groupe témoin pour observer l’innocuité de deux doses de CBD par jour sur la douleur ressentie par les patients polytraumatisés, ainsi que son potentiel en tant qu’adjuvant aux opioïdes. Les trois autres volets portent sur des sujets animaux et visent à comprendre les mécanismes d’action et les interactions avec les médiateurs de la douleur dans la réponse au traitement par le CBD.
Une solution pour réduire le recours aux opioïdes
Selon le professeur Louis de Beaumont, les douleurs chroniques aigües chez les personnes polytraumatisées sont produites par l’association de réactions inflammatoires provoquées par la fracture et le traumatisme crânio-cérébral (TCC).
Il souligne tout particulièrement les conséquences d’une potentielle défaillance de la barrière hémato-encéphalique. Cette membrane a pour vocation de protéger le cerveau des substances indésirables. Mais lors d’un choc, la blessure orthopédique libère des cytokines qui parviennent jusqu’au système nerveux central, provoquant des accès inflammatoires. Il précise qu’une solution doit être mise en place dans les trois mois consécutifs à l’accident pour atténuer la douleur ou éviter qu’elle ne perdure et devienne chronique.
En cas de confirmation des bienfaits thérapeutiques du CBD sur l’inflammation provoquée par le traumatisme et la douleur chronique, il permettrait de diminuer drastiquement l’utilisation d’opioïdes, qui présentent de nombreux inconvénients :
-
D’une part, les patients s’exposent à un risque de dépendance ou d’abus ;
-
D’autre part, à long terme et en fortes doses, leur consommation finit par créer une tolérance au médicament et au lieu, de calmer la douleur, l’exacerber (on parle alors d’hyperalgésie).